Frances Farmer

Publié le par ultrafanDB

Etre une actrice et survivre dans le métier est un parcours du combattant impitoyable. Il ne suffit pas simplement d’être une bonne actrice pour réussir. Il faut obéir à des codes, respecter la corporation, rentrer dans le moule et se conformer aux directives des studios. On accorde bien le droit aux acteurs et aux actrices en général d’être fantasque ou de se comporter en diva, mais seulement à la condition que leurs pétages de plomb ou leurs extravagances servent leurs carrières.

Trop d’indépendance nuit forcément.

Etre trop belle et se voir vieillir peut conduire également à des dépressions extrêmes, le luxe et l’argent fait aussi tourner les têtes, comme l’alcool et la drogue.

Il y a eu au cour de l’histoire du cinéma des destins bouleversants, des descentes en enfer, des drames qui ont touchés des actrices adulées ou de simples starlettes pour qui la pression avait été trop forte.

Voici donc l’histoire que je vais vous raconter aujourd’hui, celle de Frances Farmer.

 

Frances Farmer, est née le 19 septembre 1913 à Seattle et décédée le 1er août 1970. Elle est la fille de Ernest et Lillian Farmer. Elle a une sœur, Edith, un frère Wesley et une demi-sœur, Rita.


En 1931, alors élève de la West Seattle High School, elle gagne le Concours d'écriture créative avec son essai controversé God Dies (Dieu Meurt). Les Services de Surveillance Nationale rapportent les faits ; titrant « La fille de Seattle rejette Dieu et gagne le Premier Prix. » Elle entre à l'Université de Washington, devient membre du Théâtre dramatique et fait la connaissance de la professeur Sophie Rosenstein. Les critiques s'extasient sur son jeu d'actrice dans Helen of Troy et Alien Corn. Elle change de spécialité et passe du journalisme à la dramaturgie.


En 1935, à 22 ans, elle part pour la Russie en bateau après avoir gagné le concours du journal "Voice of Action". Les Services de Surveillance (encore une fois) relèvent l'histoire et qualifient Frances Farmer de communiste.


Frances rentre à New York après son voyage et est découverte par un dénicheur de talents. Elle signe un contrat de sept ans avec la Paramount.


En 1936 elle se marie avec l'acteur Leif Erickson et tourne dans son premier film Too Many Parents. Plus tard Frances joue la réplique de Bing Crosby dans Rhythm on the Range et de Edward Arnold dans Come and Get It. Elle est décrite comme « l'exceptionnelle trouvaille des écrans de 1936. »


En 1937, elle interprète le rôle principal dans la production théâtrale Golden Boy. Mais la jeune femme, pourtant à l'aube d'une carrière prometteuse, refuse de se fondre dans le moule réservé aux jeunes stars hollywoodiennes, ne voulant pas changer son nom et discutant sans cesse ses rôles.
En 1938, obtenant un congé, elle claque la porte des studios pour les scènes new yorkaises, partageant alors la vie du dramaturge et scénariste
Clifford Odets. C'est à cette époque qu'elle commence à s'adonner à la boisson
.

Menacée de rupture de contrat, Frances Farmer regagne La Mecque du cinéma où on l'humilie dans des films de petits calibres, eu égard à son talent et sa renommée naissante.


 1942 est l’année ou tout se détraque pour Frances. Elle est arrêtée à Santa Monica pour conduite sans permis en état d'ivresse et désobéissance aux ordres dans une zone de restriction, elle conduisaiten plein phares alors qu'elle aurait dû allumer ses blackouts. Elle est condamnée à 180 jours de détention et remise en liberté sous surveillance contre paiement d'une caution de 250 dollars.


En 1943 elle est arrêtée pour violation de la liberté surveillée et agression. Les services sanitaires qualifient Frances de « malade mentale » et recommandent de la placer au sanatorium de La Crescenta. Elle y reçoit une quantité de traitements de choc et rentre au Western Washington State Hospital à Steilacoom d'où elle s'échappe.

En 1944, sa mère — qui est son tuteur légal et qui a du mal à accepter la décision de sa fille d'abandonner sa carrière au cinéma— porte secrètement plainte contre elle et la fait renvoyer à l'asile où elle aurait subit des traitements d’électrochocs et d’hydrothérapie (nue dans un bain d'eau glaciale pendant six à huit heures) durant plusieurs mois. Elle est finalement déclarée « complètement guérie » et devient le modèle du « Mouvement pour la Santé Mentale ».


En 1945, terrifiée à l'idée d'être incarcérée à nouveau, elle s'enfuit plusieurs fois de chez sa mère qui petit à petit la convainc de retourner à l'hôpital psychiatrique où elle resta les cinq années suivantes. Commencerait alors pour elle un véritable enfer.

En plus des conditions barbares (criminels et malades mentaux ensembles, nourriture pour les patients jetée à même le sol…) et des traitements continuels d'électrochocs, elle aurait été prostituée à des soldats locaux qui auraient abusé d'elle, la violant et la brutalisant. Elle aurait aussi été utilisée comme cobaye pour tester des médicaments tels que Thorazine, Stelazine, Mellaril et Prolixin.

 

En 1950, Frances, relâchée, retourne à Seattle pour s'occuper de ses parents. Elle se marie avec Alfred Lobley en 1954.

 

En 1957 elle travaille en tant qu'employée dans un hôtel de San Francisco.

 

En 1958, de retour à Hollywood, elle apparaît dans la série TV "This Is Your Life" et tourne son dernier film The Party Crashers. Elle se marie avec Lee Mikesell et apparaît dans une autre série télévisée Tongues of Angels avec James MacArthur.


Elle présente également une émission de télévision d'après-midi, Frances Farmer Presents, à Indianapolis jusqu'en 1964. Là encore, c'est la boisson qui met un terme à l'aventure.


En 1968, elle commence à travailler sur son autobiographie avec l'aide de Lois Kibbee. Deux ans plus tard, le premier août 1970, elle décède d'un cancer de l'œsophage, à Indianapolis, elle avait 56 ans.

 

12 ans après son décès, le film “Frances”, réalisé par Graeme Clifford raconte le calvaire et la déchéance de Frances Farmer. Le rôle-titre est interprété par Jessica Lange.

Une page Web très complète sur sa vie ici (en Anglais)

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